« J’aperçois ta voiture »

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11/12/2023 Bonjour à toutes et à tous,

J'aperçois ta voiture - Crédit photo izart.fr
J’aperçois ta voiture – Crédit photo izart.fr

Où es-tu garée.. ah, j’aperçois ta voiture !… qu’elle me dit en sortant du restaurant où nous venons de déjeuner ensemble.

Et tout d’un coup on se regarde et on éclate de rire toutes deux parce que ça fait 5 ans que je ne circule qu’à vélo et elle sans doute plusieurs décennies !

Vous savez quoi ? Mais comme ça fait du bien de rire dans la grisaille de notre quotidien.

Du reste, faudrait vraiment être folle pour s’aventurer en voiture sur les routes d’Auroville, ou du moins ce qui est supposé en être.

Deux ans de travaux inachevés dans le centre, malgré les promesses, ont nourri incertitudes et inquiétudes face à l’amateurisme des commanditaires de ces chantiers.

Aux trous béants succèdent des tronçons recouverts de concassé, le tout bordé de flaques qui grossissent comme des mares durant la mousson.

On essaie de rouler là où les chenilles et les grosses roues des JCB ont creusé de dangereux sillons sur feu les pistes cyclables qu’empruntent indifféremment motos et voitures.

En effet, aucune déviation n’est jamais prévue dans ce chaos, et parfois même la route est coupée sans aucune information préalable.

La rage de la destruction s’attaque indifféremment à la terre comme aux végétaux et aux infrastructures qui sont autant d’obstacles à la folie des bétonneurs d’un autre temps.

On bute les arbres au JCB, à la tronçonneuse ou au cutee local, qu’importe, pourvu que passe l’idéal de certains sans aucune considération pour le vivant.

J’affectionnais particulièrement deux gros eucalyptus au tronc immaculé contrastant avec le vert d’un forêt que je traversais plusieurs fois par semaine.

Il y a 3 ans de cela, je les avais même fixés sur la pellicule.

Maintenant que je les vois seuls au milieu de nulle part, je me demande à chaque fois s’ils seront toujours debouts lors de mon prochain passage

Puisque les évènements m’ont une fois de plus amenée à être témoin de ce nouveau désastre, j’en accepte la responsabilité de documenter.

Avec ce sentiment amer d’endosser l’âme d’une reporter de guerre qui immortalise ainsi de véritables champs de bataille.

Végétaux ou humains décimés même combat, c’est le vivant qu’on assassine.

Bien à vous,

Isabelle