« Te souviens-tu avec mamie »

30/05/2021 Bonjour à toutes et à tous,

Te souviens-tu avec mamie, quand elle vous emmenait à la ville, en bus, acheter des animaux plus vrais que nature à la jardinerie ?

Te souviens-tu qu’elle vous glissait la pièce tous les après-midis pour aller acheter une glace dès l’ouverture de l’épicerie ?

Te souviens-tu du petit sac de bonbons bien colorés, bien chimiques et plein de sucre qu’elle vous ramenait du marché toutes les semaines ?

Je me souviens même que tu as gardé la boîte à bonbons et la boîte à gâteaux après qu’elle ait eu quitté sa maison.

Sur le marché, elle vous achetait aussi toutes sortes de gâteaux industriels, vous devez mieux vous en souvenir que moi…

D’autres fois, vous traversiez la place avec elle pour aller déjeuner au restaurant du village, frites au menu, bien évidemment.

Je souriais car mes parents ne nous y avaient emmenés qu’une seule fois dans notre vie, j’avais alors 7 ou 8 ans.

Pris par le temps, nous avions fait une halte forcée et d’ailleurs découvert avec plaisir les pommes dauphines !

Pour pousser le détail, je me souviens même que c’était sur la Route Napoléon, quoi de plus normal…

Je me souviens aussi d’une photo un peu floue, ah ses photos… où l’un d’entre vous a sa culotte sur la tête… ça devait rigoler fort !

Je me souviens aussi d’un cliché où un autre se cramponne à elle, tellement heureux le cul à l’air et les cheveux balayés par le vent.

Sûr que des fois je grimaçais intérieurement quand elle vous habillait d’une chemise à fleurs en haut et d’un short à rayures en bas, récupérés je ne sais où.

Mais ça séchait vite, frotté au savon sous le robinet et pendu sur un cintre à la vigne, devant sa façade de maison.

D’autres fois, elle passait des jours et des nuits à vous tailler des déguisements, et vous étiez trop fiers de vous balader de partout avec, des jours durant.

Vous me racontiez aussi comment elle vous autorisait à faire des potions magiques sur la cuisinière, en mélangeant toutes les denrées de la cuisine qui vous inspiraient.

Et quand j’arrivais en écarquillant les yeux, elle disait, non mais je t’avais dit un petit peu ou alors à moi, il faut bien qu’ils apprennent

A moi qui les incitais à réaliser nombre d’expériences par eux-mêmes, elle retorquait parfois non mais vous avez peur de tout, un comble !

J’ai aussi dans les yeux ces fleurs de pissenlits que l’un serre prècieusement dans ses petites mains, cueillies sous les pommiers bien sulfatés.

C’est comme vos cabanes sur un bras de la rivière, je ne sais ce qu’elle charriait cette eau…

Mais vous étiez les plus heureux des petits-enfants, libérés du contrôle de père et mère, à partager cette connivence unique.

Infinie gratitude à votre grand-mère pour toute la bienveillance qu’elle vous a accordée, cela aussi a fait de vous de belles personnes.

Bien à vous,

Isabelle