« Avec vue sur la mer »

 

04/06/2015 Bonjour à toutes et à tous,

Avec vue sur la mer

Avec vue sur la mer

Une des activités principales à Marseille consiste à aller à la plage.

J’y ai même fait salon avec une dame d’un certain âge, fichu sur les épaules, qui m’a raconté habiter dans la ville depuis 30 ans, et me l’a décrite avec passion.

Le tout, plus précisément en barbotant dans la mer.

« – Ça fait du biengue, mêmeu commeu ça, vous ne trouvez pas ?

– Ben oui, vous avez de la chance d’avoir la ville au bord de la mer !

– On méeu la camepagneu c’est jolieu aussi avé le soleileu, heingue…

– La mer, c’est quand même une chance.

– Bé ouieu, aussieu, des jours, ça délasse de venireu dans la mer quand on est énervé. »

Ah ben oui, parce que pour moi, il faut des plages où j’ai pied à perte de vue.

Très peu pour moi les pontons bétonnés dans les calanques pour départ de bateaux.

Et qui plongent direct sur les rochers où viennent se fracasser de grosses vagues…

D’ailleurs, quand j’ose avouer ma faiblesse, je me rends compte que, finalement, il n’y a pas tant de téméraires des eaux !

Entre ceux qui nagent comme moi, c’est à dire en sachant qu’à tout moment ils peuvent reprendre pied, et ceux qui détestent sentir les poissons leurs frôler les jambes, ça fait un certain quota.

Mais bon, je ne me sens pas la patte d’un mouflon des mers pour enjamber rochers et passages glissants, coupants, fuyants… et encore moins le tout à la fois.

Donc je déplie ma foutah sur le sable des Catalans, je fais quelques aller-retours parallèles à la mer, et je suis contente de moi !

Après, je fais comme tout le monde, c’est vue sur la mer et tout ce qui se passe autour 🙂

Spectacle garanti, en direct et à moindre frais.

A ma droite, une bande de vieilles copines soixante-huitardes, tatouages défigurés, piercing pendouillant autant que bras, jambes, fesses, ventres et cou, mais y’a d’la joie et de la bonne humeur.

Leur peau burinée laisse deviner des heures de farniente sur la plage à causer du bon vieux temps où il était interdit d’interdire !

Voilà, c’est la vieillesse décomplexée qui s’expose, celle-là, au moins, elle n’est pas en train de moisir en EHPAD…

Ensuite, on n’évite pas les Bidochons sur la plage, en général les premiers inondés en cas de vagues plus hardies.

Famille format XXL, gamins aux nez morveux qui se lèchent goulûment, parents qui doivent rentrer cramés pour témoigner de leurs vacances à la mer, coca dans le biberon et clopes au bec, tout y est.

Et puis voilà que la blonde mademoiselle-de-la-tronche-en-biais vient de faire son entrée, oh pardon, madame just married.

Première opération, ajustage bucolique du chapeau de paille à ras les Ray-Ban et moue assortiiiiiiie.

Deuxième opération, séquence selfie en deux temps trois mouvements, main dans la nuque, version I pose for the photographer on the beach with my little bikiniiiiiiiiiiiii !!!!!!

Troisième opération, ouverture d’un livre qui dépeint bien le tableau : Cessez d’être gentil, soyez vrai !

Edition illustrée, quand même, faut pas trop en demander.

Et même que.

Et même qu’elle est repartie sans faire trempette !

Et moi, je sais de quand date sa phobie de l’eau.

Depuis qu’elle a appris comment on appelle une blonde qui a de l’eau dans sa bouche.

Une gourde.

Bien à vous,

Isabelle